Une histoire fantastique et drôle où se croisent les curieux destins de deux frères qui ne sont semblables qu’en apparence. L’amour, le pouvoir, la magie, la mort…
Proche de Swift, le monde poétique de Makaleï est scindé par une frontière tragique entre l’opulence et la misère, entre l’insouciance et le désespoir. Une interprétation enthousiaste et un miroir sans concession de notre monde.
 

Récit écrit et joué par Gille Crépin

Mise en espace : Serge Dangleterre
Musique : Adam Simon Callejon
Lumières : Gille Crépin et Adam Simon Callejon
Décor et costume : Kham-Lhane Phu
Graphisme : Didier Latorre
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L’HISTOIRE
Avant-la-lune et Après-la-lune sont deux frères qui ont exactement le même âge. Ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau sur le plan physique mais leurs caractères sont très différents. L’un est gai et étourdi, l’autre est sombre et réfléchi. Leurs vies, et celles de leurs proches, sont misérables.
Suite à une dispute, Avant-la-lune décide de partir pour le pays d’en haut. Après y avoir pénétré par ruse, il se retrouve transformé en ours par le pouvoir maléfique de Maître Outrenoir, qu’il croyait avoir berné. Il comprend bientôt que cet ours est le favori de la première demoiselle, Amarante, la fille de Céladon, l’Ultime Précieux qui gouverne le pays. Il découvre cet univers étrange, jusqu’au moment où il tombe amoureux de la jeune femme et décide de reprendre forme humaine. À son retour, il est emprisonné et doit être exécuté.
Son frère apprend alors qu’il est en danger et part à son secours. Il le sauve, grâce à sa détermination et leur ressemblance physique, et… il prend sa place.
Il s’en suit alors de nombreux chassés croisés entre les deux frères jusqu’à ce que chacun comprenne ce qu’il cherche vraiment, après bien des péripéties. La fin du récit semble tragique avant de s’ouvrir sur une surprise qui change radicalement la perspective du conte.


 

NAISSANCE DU PROJET

La lecture, il y a quelques années, du conte populaire des deux frères est à l’origine de cette aventure. Cette histoire est l’une des plus anciennes qui nous soit parvenue. Elle est, en effet, présente sur les hiéroglyphes d’un papyrus égyptien. Mais celle que j’avais lue était irlandaise et j’en ai, d’ailleurs, gardé la situation de départ et le nom du père : Frohl. Régulièrement, cette histoire me revenait à l’esprit et j’ai fini par comprendre ce qui m’attirait ainsi. Le double. Les deux frères naissent ensemble et leurs destins sont différents car leurs choix le sont. Un peu comme si la même personne vivait deux fois. Le vieux rêve des humains, savoir ce qui se serait passé s’ils avaient agi autrement. À partir de là, j’ai commencé à créer le monde dans lequel je voulais raconter ce récit. Un monde fantastique, à la fois proche des anciennes sociétés agricoles et de nos préoccupations d’aujourd’hui. Un monde cruellement inégalitaire, figé dans ses habitudes et ses intérêts particuliers. Et puis j’ai envoyé les deux frères explorer tout cela. Leurs différences ont fait le reste. Les moments où Adam Callejon et moi-même avons travaillé sur la dramaturgie furent flamboyants et passionnés. Chacun tentait de convaincre l’autre en lui racontant sa vision. Les images semblaient flotter dans l’air.

Parmi les milliers de routes qui s’ouvraient aux nœuds de l’histoire, nous avons pris, à chaque fois, celle qui nous paraissait la plus belle, ce qui n’est pas toujours le plus simple. Par la suite Serge Dangleterre est venu apporter le tranchant de son regard et alléger cette histoire de façon à lui donner la forme et la durée d’un spectacle. La précision de ses demandes et la justesse de ses observations donnent au conteur que je suis l’énergie nécessaire pour inventer d’autres approches de son expression orale et sortir des chemins habituels. Un décor et un costume intemporels, les respirations que génèrent les musiques originales et les changements de rythmes engendrés par la lumière complètent l’éventail des moyens utilisés pour mettre en scène cette histoire. Le titre du spectacle, Makaleï, est en fait une sorte de mot de passe entre les deux frères. C’est aussi un cri synonyme d’espoir qui résonne à la fin du spectacle. La consonance de ce mot inventé me plaisait particulièrement. Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, longtemps après, que c’était aussi le nom d’une île hawaïenne dont des photos étaient disponibles sur internet… Quand on écrit une histoire fantastique, on risque toujours d’être rattrapé par la réalité !