Récit
écrit et joué par Gille Crépin
Mise en espace : Serge Dangleterre
Musique : Adam Simon Callejon
Lumières : Gille Crépin et Adam Simon
Callejon
Décor
et costume : Kham-Lhane Phu
Graphisme
: Didier Latorre
Relations
publiques : Marie-Claire Mazeillé
Vidéo enregistrée au Festival d'Avignon Off 2004 par Jean-Marc Froment au Théâtre des Lucioles
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L'HISTOIRE
Avant-la-lune et Apres-la-lune sont deux frères qui ont
exactement le même âge. Ils se ressemblent comme
deux gouttes d'eau sur le plan physique mais leurs
caractères sont très différents. L'un
est gai et étourdi, l'autre est sombre et
réfléchi. Leurs vies, et celles de leurs proches,
sont misérables.
Suite à une dispute, Avant-la-lune décide de
partir pour le pays d'en haut. Après y être
pénétré par ruse, il se retrouve
transformé en ours par le pouvoir maléfique de
Maître Outrenoir, qu'il croyait avoir berné. Il
comprend bientôt que cet ours est le favori de la
première demoiselle, Amarante, la fille de
Céladon, l'Ultime Précieux qui gouverne le pays.
Il découvre cet univers étrange, jusqu'au moment
où il tombe amoureux de la jeune femme et décide
de reprendre forme humaine. À son retour, il est
emprisonné et doit être
exécuté.
Son frère apprend alors qu'il est en danger et part
à son secours. Il le sauve, grâce à sa
détermination et leur ressemblance physique, et…
il prend sa place.
Il s'en suit alors de nombreux chassés croisés
entre les deux frères jusqu'à ce que chacun
comprenne ce qu'il cherche vraiment, après bien des
péripéties. La fin du récit semble
tragique avant de s'ouvrir sur une surprise qui change radicalement la
perspective du conte.
NAISSANCE DU PROJET
La lecture, il y a quelques années, du conte populaire des
deux frères est à l'origine de cette aventure.
Cette histoire est l'une des plus anciennes qui nous soit parvenue.
Elle est, en effet, présente sur les hiéroglyphes
d'un papyrus égyptien. Mais celle que j'avais lue
était irlandaise et j'en ai, d'ailleurs, gardé la
situation de départ et le nom du père : Frohl.
Régulièrement, cette histoire me revenait
à l'esprit et j'ai fini par comprendre ce qui m'attirait
ainsi. Le double. Les deux frères naissent ensemble et leurs
destins sont différents car leurs choix le sont. Un peu
comme si la même personne vivait deux fois. Le vieux
rêve des humains, savoir ce qui se serait passé
s'ils avaient agi autrement.
À partir de là, j'ai commencé
à créer le monde dans lequel je voulais raconter
ce récit. Un monde fantastique, à la fois proche
des anciennes sociétés agricoles et de nos
préoccupations d'aujourd'hui. Un monde cruellement
inégalitaire, figé dans ses habitudes et ses
intérêts particuliers. Et puis j'ai
envoyé les deux frères explorer tout cela. Leurs
différences ont fait le reste.
Les moments où Adam Callejon et moi-même avons
travaillé sur la dramaturgie furent flamboyants et
passionnés. Chacun tentait de convaincre l'autre en lui
racontant sa vision. Les images semblaient flotter dans l'air. Parmi
les milliers de routes qui s'ouvraient aux nœuds de
l'histoire, nous avons pris, à chaque fois, celle qui nous
paraissait la plus belle, ce qui n'est pas toujours le plus simple.
Par la suite Serge Dangleterre est venu apporter le tranchant de son
regard et alléger cette histoire de façon
à lui donner la forme et la durée d'un spectacle.
La précision de ses demandes et la justesse de ses
observations donnent au conteur que je suis l'énergie
nécessaire pour inventer d'autres approches de son
expression orale et sortir des chemins habituels. Un décor
et un costume intemporels, les respirations que
génèrent les musiques originales et les
changements de rythmes engendrés par la lumière
complètent l'éventail des moyens
utilisés pour mettre en scène cette histoire.
Le titre du spectacle, Makaleï, est en fait une sorte de mot
de
passe entre les deux frères. C'est aussi un cri synonyme
d'espoir qui résonne à la fin du spectacle. La
consonance
de ce mot inventé me plaisait particulièrement.
Et quelle
ne fut pas ma surprise de découvrir, longtemps
après, que
c'était aussi le nom d'une île hawaïenne
dont des
photos étaient disponibles sur internet...
Quand on écrit une histoire fantastique, on risque toujours
d'être rattrapé par la
réalité !